La Clef C'est Vous

III – CES PRÉJUGÉS QUI SE CACHENT DERRIÈRE DES ÉVIDENCES

Il est plus facile de désintégrer un atome qu’un préjugé. Albert Einstein

Mon port d’attache.

Très belle image pour désigner tout ce qui me représentait, qui m’avait aidé à me construire. Mes joies, mes bonheurs, mais aussi mes peurs, mes angoisses, mes croyances,  mes préjugés, tout ce qui était pour moi une évidence puisque je le vivais, logique et rassurant pour mon côté pragmatique.
A travers ce périple dans nos vies, (je dis « nos » car la mienne et celle de la plupart des personnes rencontrées, avons été élevé dans la culture française), j’ai découvert que nous portions tous une besace plus ou moins lourde, chargée de préjugés, de croyances et d’autres opinions, souvent plus limitants qu’aidants.
Ces idées, nous les avons héritées de nos parents, de nos éducateurs, professeurs ou d’autres personnes qui représentaient à nos yeux l’autorité, la vérité, pour nous jeunes apprentis de la Vie, à l’âge où l’on se construit, où l’on se formate, où l’on apprend.

Au fil du temps, ces croyances dont nous sommes imprégnés deviennent des évidences.

Ainsi, ma première grande évidence était que je fonctionnais à travers ces préjugés en me contrôlant, en me surveillant, afin d’être toujours comme « il faut » aux yeux des autres. J’ai ainsi  développé une fabuleuse capacité d’adaptation en fonction des personnes que je rencontrais pour « être comme il faut » à leurs yeux.

Mon regard était en fait celui des autres.

Un regard fait de jugement et d’autocritique de ma part, de celles des autres, consciemment ou inconsciemment, jugements bienveillants et parfois moins.
Dès l’enfance, ce formatage s’exprime avec par exemple « Si je veux un bonbon, je dois être sage ». Puis adolescent, « si je veux sortir, il me faut bien travailler à l’école ». Adulte « si je veux bien gagner ma vie je dois travailler dur et beaucoup ». Ce ne sont là que quelques vérités que l’on prend comme évidence.
Selon notre éducation et nos expériences de vie, nous façonnons notre vision du monde. Notre regard sur la vie, les autres, sur nous-mêmes.

J’avais en fait très peur d’être moi-même.

De prendre le risque de déplaire, de plaire aussi, de ne pas correspondre aux desiderata de mes proches, voir même des personnes inconnues, peur de dire ce que je voulais, d’avouer mes envies.
J’avais peur d’aimer, peur d’être ridicule, peur d’exprimer mes envies, mes besoins.
Cette attitude découlait, en grande partie, d’un sentiment intime et profond de ne pas être acceptée pour qui je suis. Depuis toujours, depuis ma conception, je ne me suis pas vraiment sentie accueillie, désirée, choyée. De ce fait, je n’ai pas su accueillir, désirer, choyer, moi-même, mes proches, ma vie. On ne peut donner que ce que l’on connaît, ce que l’on a, ce que l’on est.

Avant le début de mon périple, je vivais dans ma tête, je pensais, jugeais, jaugeais. Mes croyances étaient celles de mes parents, de mon entourage ; elles disaient que la vie était difficile, injuste, en guerre, compliquée.
Qu’il était nécessaire de se battre pour y arriver, ne pas montrer de signes de faiblesses, ne pas pleurer, ne pas être malade, ne pas, ne pas …
Demander de l’aide ? C’était pour les indigents. La spiritualité ? Pour les illuminés. Et l’amour ? Dans les films !
J’étais convaincue que la réussite était matérielle, qu’on était « quelqu’un » quand on savait faire, quand on possédait, que le seul moment où l’on pouvait ne rien faire c’était la nuit, dans notre sommeil, quand on dort sinon on s’active. On fait quelque chose, n’importe quoi mais quelque chose…

Et combien d’autres croyances et préjugés encore…

J’ai passé une partie de vie à avoir accordé beaucoup d’importances aux jugements, de peur de me sentir rejetée, peur d’être différente, et aussi et surtout peur de changer, et d’être moi-même.
Comme l’a merveilleusement écrit Marianne Williamson, « Notre plus grande peur n’est pas que nous soyons inadéquats. Notre peur la plus profonde est que nous soyons puissants au-delà de ce qui est mesurable ».

Je ne m’aimais pas suffisamment pour savoir que j’avais de l’importance, de la valeur, et même avoir ma place comme tout à chacun. Que j’avais mon propre regard.

Mon autre évidence est pour moi un bienfait.

J’ai de la chance, c’est une évidence, et que cette chance provient de deux constats tous aussi évidents !

Le premier est que j’aime, enfin plutôt, que j’adore me remettre en question, chercher ce qui ne va pas chez moi, le pourquoi du comment ! J’aime comprendre le fonctionnement de l’être humain, ça me fascine, le mien, celui de la vie, trouver des réponses, agir en conséquence, accepter ce qui est, me tester, avoir des prises de conscience qui permettent l’intégration des changements, bref un panel de questions-réponses à l’infini. J’aime le pourquoi ? Dans quelle intention ? Qu’est-ce qui fait que j’agis, que je pense ou que je parle de cette façon, alors que ma mère, ma soeur, ma voisine, elles, elles font autrement ??

Le deuxième constat est d’avoir été et d’être toujours aujourd’hui entourée de personnes formidables, de toujours rencontrer la bonne personne au bon moment, la rencontre fortuite, magique, inespérée parfois, qui passe dans ma vie ou qui devient un(e) ami(e), une aide précieuse avec qui je partage des instants fugaces, futiles, fondamentaux, formateurs, fabuleux…

Tout cela a eu une empreinte, qui m’a été nécessaire pour avancer dans la vie, dans ma vie, pour cheminer.

Il est extraordinaire de s’arrêter un instant, comme en ce moment pour ce bilan, de rendre visite à toutes ces personnes en les imaginant, certaines ici, présentes dans mon quotidien, d’autres dont le souvenir est lointain, et ressentir le plaisir de ces rencontres, là comme ça, tout simplement.

Et de les remercier du fond du cœur pour tout, tout ce que je suis, tout ce que je vis.